Mardi 28 février, dans le cadre de l’atelier « Eloquence », mené en collaboration avec La Maison pour tous, les élèves de 5ème A ont eu l’occasion de rencontrer Kery James pendant 1h30 au théâtre des Quinconces, où l’artiste est actuellement en résidence.
Kery James s’est montré très ouvert à la discussion et a répondu avec pertinence et bienveillance aux questions posées d’abord par le responsable des Quinconces, puis par des jeunes issus d’établissements scolaires ou de structures d’insertion.
S’il s’est fait connaître par ses clips et ses concerts en tant que rappeur, Kery James se définit aujourd’hui avant tout comme un artiste puisqu’il est désormais écrivain, scénariste, acteur et réalisateur de clips et d’un film Banlieusards, et d’un autre film qui sortira en octobre. Il ne se voit toutefois pas producteur ni acteur dans une autre œuvre que les siennes.
Kery James avoue avoir délaissé un rap devenu trop commercial et populaire à son goût, perdant ainsi de sa substance et de son engagement politique alors qu’il est dans l’ADN du rap d’être engagé et politique et de s’exprimer avec des convictions fortes d’où son regard critique sur la notion de « rap conscient ».Il avoue avoir arrêté le rap deux ou trois fois, mais il s’est maintenant fait une promesse : « J’arrête de dire que j’ai arrêté le rap ».
N’ayant pu obtenir les fonds pour réaliser un film, Kery James a participé au concours d’éloquence des avocats. La thèse qu’il avait à défendre l’a finalement conduit à écrire sa première pièce de théâtre, A Vif, présentée l’an dernier au Mans. Accompagné par la Scène Nationale du Mans, il écrit actuellement sa deuxième et nouvelle pièce de théâtre, A Huis Clos, où il reprend le personnage de Souleymane, qui est parvenue à devenir avocat, spectacle qui sera présenté en avril 2024 au Mans.
Avoir quelque chose à dire et bien maîtriser la langue lui paraît essentiel pour écrire. La maîtrise de la langue définit ce que l’on est et la façon dont on est perçus par les autres. On nous catalogue dès qu’on ouvre la bouche d’où l’importance de bien savoir s’exprimer.
Il a également partagé ses expériences de vie et ses conseils pour faire les bons choix, notamment en faisant attention à ses fréquentations et en ayant une volonté forte de réussir. Le rappeur a évoqué brièvement son enfance difficile, mais aussi les rencontres qui ont pu changer sa vie, notamment sa rencontre avec MC Solaar lors d’un atelier d’écriture.
Kery James a reconnu qu’il avait su faire les bons choix dans la vie à des moments où ses fréquentations auraient pu le faire basculer du mauvais côté et qu’il fallait parfois suivre son propre chemin. La religion l’a aidé à un moment à ne pas basculer du mauvais côté. Il est convaincu que l’on peut devenir ce que l’on souhaite devenir, que cela ne dépend que de soi-même et de sa volonté.
Fort de son expérience personnelle, l’artiste est très engagé dans la formation et l’éducation, notamment à travers la bourse ACES, à laquelle il consacre une partie de ses revenus de spectacles, bourse qui vise à aider des enfants défavorisés des quartiers à faire des études.
En répondant à une question, Kery James a interprété un extrait de sa chanson « Banlieusards » a cappella, suscitant l’émotion et l’admiration des élèves. Une jeune élève de 3ème a eu l’occasion de lire son texte sur le diktat de l’apparence et les souffrances qu’il occasionne.
Le rappeur a surpris les élèves quand il a avoué que l’une des personnes qui avait eu une importante influence sur lui était Charles Aznavour. Les chansons qu’il juge les plus représentatives de son œuvre sont Banlieusards, Lettre au président au président de la République et Constat amer, dans laquelle il s’interroge sur les rapports entre gens du quartier, sur le racisme, le manque de solidarité et la jalousie qui existent entre eux. L’émotion qu’il a ressentie lors de son premier spectacle lui a en fait donné envie d’en faire un deuxième, puis de continuer.
Cette rencontre a été une belle occasion pour les jeunes de découvrir une figure importante de la culture française et de réfléchir à l’importance de l’écriture et de l’expression dans leur propre vie.